Nous avons appris par voie de presse, dans l’article du Nord-Eclair du vendredi 26 février 2021, que le département du Nord a enregistré une baisse spectaculaire de 3632 allocataires du RSA au mois de janvier, faisant passer leur nombre de 107129 à 103497 selon les chiffres de l’exécutif. Nous avons souhaité réagir à cette prouesse.
Mme Bécue, maire de Tourcoing et vice-présidente déléguée à l’insertion et au retour à l’emploi au Département du Nord, relie en partie les chiffres de sortie de RSA avec les personnes qui auraient trouvé un emploi lors de la semaine « Réussir Sans Attendre ». Or comme cette semaine a eu lieu du 23 au 27 novembre 2020, les contrats de travail n’ont pu débuter au mieux qu’au 1er décembre. Comment ces personnes (1030 selon ses dires) peuvent-elles être considérées sorties en janvier alors que leur droit au RSA est maintenu pour une période de trois mois après une reprise d’activité ?
En outre, nous pourrions nous féliciter que des personnes « sortent du dispositif RSA » si nous avions la garantie que parmi elles, certaines n’ont pas quitté une situation de pauvreté pour être précipité dans la misère par la suppression de leur RSA sur décision de M. Lecerf, président du Conseil Départemental. Et ce avec la bénédiction de leur majorité dont font partie Mme Zouggagh et M. Pick à Roubaix.
Nous savons que les réductions et suspensions de RSA ont augmenté de façon significative durant ce mandat (50000 sanctions ont été appliquées entre 2016 et 2020) et qu’elles prennent une plus forte ampleur à l’approche des échéances électorales de juin. Et ce quelles que soient la situation des familles et les difficultés qu’elles affrontent. Et surtout pour ces élu.es qui ne font jamais dans le détail, quelle que soit la légitimité de ces sanctions.
Car ces derniers ont des idées fixes pour objectifs : abaisser coûte que coûte le nombre d’allocataires du RSA en dessous de la barre des 100000 et l’exhiber comme un trophée à l’heure du bilan. Et cette fin justifie tous les moyens puisque cette passion des chiffres ronds s’accommode très bien de leur indifférence pour les conditions de vie de ces personnes, crise sanitaire ou pas.
Comme l’indique l’article, nous ne saurons pas davantage combien ont retrouvé un emploi durable, un CDD, un intérim, un emploi aidé (dont cette variété d’élu.es sont de grands pourfendeurs), ont basculé dans un autre dispositif (AAH, retraite…), ont déménagé pour un autre département ou le royaume des cieux…
Ce sont pourtant des éléments de réponse qui permettraient de nuancer ce tableau un rien fanfaron dans un département où, comme à Roubaix -et votre journal s’en fait régulièrement l’écho- la situation sociale continue de se dégrader et les files d’attente des distributions alimentaires de grossir.
Entre la communication du Département et nos questions, il doit y avoir un lieu qui se nomme « réalité ». Les élu.es du Département devraient y faire un tour.